Des sceaux, des trompettes, des coupes de la colère de Dieu, une bête surmontée de cornes, un dragon à sept têtes, une grande prostituée de Babylone, et en prime, un lac de feu, dans lequel sont précipités les méchants...le livre de l'Apocalypse est sans conteste possible le plus imagé, le plus allégorique, le plus spectaculaire de tous les livres du Nouveau Testament.
Est-ce donc si surprenant qu'il fasse l'objet d'une adaptation en bande dessinée ? Non, certes, mais il faut souligner que le document dont nous vous parlons cette semaine, sobrement intitulé Le livre de l'Apocalypse (voir la notice dans notre catalogue ici) est particulièrement exceptionnel en ce sens qu'il reprend le texte intégral et l'illustre pratiquement verset après verset.
Autant vous prévenir : le style est ici très sombre! La couleur dominante est le noir, paré de rouge et de jaune. Les personnages illustrés rivalisent, planche après planche, en majesté froide ou en horreur pure. Il y a tant à voir sur peu de pages (les 22 chapitres de l'Apocalypse sont concentrés en 180 pages) qu'il est peut-être recommandé de lire ou de connaître tout au moins le texte de l'Apocalypse dans ses grandes lignes avant de tenter de le découvrir sous forme de bande dessinée.
Avec la traduction, nous perdons cependant une subtilité présente dans l'original américain. En effet, ce comics avait été commandé par l'Archevêché orthodoxe grec d'Amérique, et prenait pour base le texte liturgique officiel de l’Église orthodoxe. Or, pour la traduction française, c'est visiblement la Bible Segond qui a servi de référence. Il est intéressant, également, d'apprendre que le livre de l'Apocalypse n'est pas lu dans le cadre de l'année liturgique orthodoxe, et que c'était une des raisons qui ont conduit l'Archevêché à proposer cette bande dessinée (voir l'interview en entier ici, très intéressante, mais toutefois en anglais!).
Bref, en lisant cette Apocalypse saturée d'illustrations, vous ferez une vraie expérience immersive et vous pourrez ainsi prendre la vraie mesure de la puissance évocatrice du dernier des livres du Nouveau Testament.
Robin Masur, Chef de service du CIDOC