Depuis quelques années, on observe un regain d’intérêt envers les traditions anciennes de l’Église des premiers siècles (à laquelle peuvent s’attacher aussi bien catholiques que protestants ou chrétiens orientaux), ainsi les apophtegmes des Pères du Désert qui sont riches d’enseignements pour nous. Ce terme technique désigne une déclaration lapidaire qui synthétise la pensée d’un de ces Pères. Par exemple : « Le contraire de la parole n’est pas le silence, mais l’écoute » (Nisthéroos le Grand) ou encore : « Faire le bien est une bonne chose, le faire en secret en est une meilleure » (Synclétique d’Alexandrie). La composante éthique et intemporelle de ces sentences est indéniable et les rendent encore cinglantes et éclairantes pour les auditeurs du 21e siècle.
Les Éditions Première Partie viennent donc de publier un très joli album au graphisme léché et riche d’illustrations simplement intitulé « Les Pères du Désert » qui nous permet d’entrer en contact avec la pensée de 11 de ces anachorètes (dont tout de même deux Mères du Désert, Synclétique d’Alexandrie, justement, et Marie l’Égyptienne). Ce sont autant de parcours étonnants et édifiants à découvrir, comme celui de Moïse l’Éthiopien : on dit qu’il fut d’abord un brigand à la peau noire, grand, fort, violent et déterminé, qui changea complètement de vie à la rencontre d’un groupe de moines du désert et se distingua ensuite par sa très grande humilité : les défauts de l’autre sautent vite aux yeux mais pour quelqu’un d’autre, l’autre c’est toi !
Robin Masur, Chef de service du CIDOC
Les Pères du désert / Mattias Rouw. Éd. Première Partie, 2022.